OBSTINÉES prend forme suite à un premier soutien de l’Union Européenne et du Goethe-Institut autour d’une recherche documentaire menée dans le sud de l’Italie. Cette création théâtrale explore le lien entre le jeu d’actrice et l’art plastique en direct, pour interroger la mémoire, la transmission et la puissance de l’obstination comme acte de vie et de résistance.

Le projet est né en suivant les traces de Lucia Pisapia Apicella, une femme qui, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, s’est dressée face à l’oubli. Bravant les interdits, elle s’est mise à la recherche des corps de soldats disparus, sans distinction de nationalité, révélant plus de sept cents dépouilles pour leur rendre un nom, un visage et une dignité. Son geste obstiné a inspiré la recherche menée par la compagnie, qui s’est élargie à d’autres figures féminines dans le monde : les Mères de la Place de Mai en Argentine, Cristina Cattaneo, médecin légiste engagée dans l’identification des morts en Méditerranée, les chercheuses du désert d’Atacama au Chili, ou encore Maria Reiche, mathématicienne allemande qui consacra sa vie aux lignes de Nazca. Toutes incarnent une obstination sans compromis, un mouvement vital qui transforme la douleur en création et le silence en mémoire vivante.

À travers OBSTINÉES, la Compagnie Grasparossa — fondée et portée par Simona Boni — poursuit son exploration d’un théâtre du sensible, mêlant texte, chant, geste et matière. Le spectacle mettra en scène deux narratrices :
- La première, gardienne de cimetière, guide le public au cœur d’un lieu où reposent les oubliés. Sa parole relie les destins ordinaires à ceux des femmes héroïques qui ont résisté à l’effacement.
- La seconde, invisible et silencieuse, tisse la narration à travers les images projetées en direct. Sur sa table lumineuse, la plasticienne Chiara Scarpone creuse, gratte, fouille et révèle. Par un jeu de lumière, de sable et d’ombre, elle matérialise la métaphore du geste de mémoire : faire surgir le visible de la disparition.
Ce dialogue entre le corps, la parole et la matière visuelle constitue le cœur de la démarche artistique de la compagnie : un théâtre de la trace, où le visible naît de l’effacement, et où la scène devient un lieu d’archive sensible.

Le projet déploie ces thèmes sur plusieurs volets :

- Une création scénique, prévue pour novembre 2026 au Théâtre Olympe de Gouges à Montauban, avec des résidences en Occitanie et en PACA tout au long de la saison 2025-26.

- Une exposition (arts plastiques et photographie), présentée en mars 2026 au Musée de la Résistance de Montauban, avant d’être diffusée dans plusieurs musées de la Résistance (Tarbes, Vassieux, Toulouse).

- Un film documentaire, réalisé par Jo Tempié, qui retracera l’ensemble du processus créatif et humain, montrant la petite obstination quotidienne des grands projets.

Autour de Simona Boni, autrice et comédienne sur le projet, une équipe pluridisciplinaire donne corps à cette aventure : Chiara Scarpone (arts plastiques et chant), Jo Tempié (création vidéo), Charlyne Cazes (création sonore et lumière), Carmela Acuyo (mise en scène) et Marine Pinel (production).

Gratter. Creuser. Fouiller. Révéler — et se révéler.
Tel est le geste fondateur de cette création : une obstination à vivre, à se souvenir, à nommer les invisibles. Dans un monde où les voix se taisent trop souvent, OBSTINÉES revendique la force poétique du courage, l’art comme résistance, et la mémoire comme matière vivante.